Départ à 8h00, on reprend la piste de la veille en espérant aller un peu plus loin.
Piste facile rectiligne, j’ai manqué une piste à droite, on tire au cap dans les cailloux jusqu’au goudron pour passer le col. Après le col on aperçoit sur la droite un petit chemin de chèvre qui monte à un autre petit col, on le prend. Au sommet on descend à pied voir comment ça se présente, ça passe, petit chemin monotrace sympa, retour dans la plaine, on contourne le djebel, on arrive a Tagounite moitié en hors piste pour reprendre la route jusqu’à Mhamid.
On a assez d’essence pour arriver à Foum Zguid mais par sécurité on décide d’ajouter 5 litres chacun. On nous indique une boutique à la sortie qui vend de l’essence en bidon. On y va.
On se gare devant et là grand moment de rock’n roll.
Je mets la béquille, dévisse le bouchon du réservoir, et je ne sais pas pourquoi je décide de descendre de moto par la droite. Je dois préciser que je suis un peu court sur pattes et que la moto est haute.
En voulant passer ma jambe gauche par-dessus la moto, j’accroche la sacoche avec le talon, je perds l’équilibre et tombe à la renverse sur le cul, dans le mouvement j’entraîne la moto que je vois tomber à son tour sur moi le réservoir grand ouvert, l’essence qui coule à flot. Je me redresse d’un bond, relève la moto avec une rage non contenue….
Je suis trempé d’essence jusqu’à la ceinture.
Bien évidemment l’essence commence à me brûler vous imaginez quoi (heureusement que personne ne fumait dans le coin).
Rapidement j’ai le bignou en feu. Les jambes un peu aussi mais là c’est rien.
Je sors les bottes, les chaussettes, vire le futal, attrape une bouteille d’eau dans mon sac à dos et me la verse dans le calbut, ‘’put…. ça pique …’’
En un temps record je défais les bagages (tous les matins on passe 20 à 30 mn à tout harnacher), attrape un caleçon et mon jean, je me mets à poil dans la rue, les gamins tout autour sont explosés de rire, je me remet une rafale de flotte, m’essuie avec un tee shirt, enfile le calbard et le jean, le tout en deux minutes chrono, ouf ça commence à aller mieux.
Un gars sort de la boutique et me met un saxo pour m’être mis tout nu dans la rue, je lui fais mes excuses mais y avait urgence.
Essorage
Je remets le pantalon de moto, je suis au frais mais ce n’est pas plus mal, vu la chaleur que j’ai eu.
Le guide rasta passe à ce moment là et se marre.
Dans les dunettes je cafouille un peu, pas évident de garder un cap et trouver le bon passage dans les petites dunes, les sensations de pilotage dans le sable commencent à revenir. Mais la moto est lourde et avec les sacoches quand il faut poser le pied pour se récupérer, on se les reprend dans les mollets. Bref la moto chargée ou vide dans les dunes ce n’est pas la même musique.
Au loin un vent de sable est formé, on continue dans les cailloux. Devant le ciel devient franchement noir, je m’ensable.
On s’arrête, on fait le point. Je regarde la carte et le GPS, on a un échappatoire par le nord ou l’on peut rejoindre une piste qui contourne l’erg. On se concerte et on décide de sortir de là.
Cap au nord, on trouve la piste rapidement, au sud sur l’erg c’est tout noir. Cette piste est un enfer, on va se faire une séance de marteau piqueur sur près de 100 bornes, excepté le passage en bordure du lac Iriki. Des pinfles en veux tu en voilà.
L’orage au dessus de Chegaga
Avant le village de Zaouia Sidi, des locaux nous arrêtent et demandent de l’essence pour la mobylette, on leur propose de siphonner dans le réservoir de Patrick, pendant ce temps derrière nous on entend l’orage gronder, on voit des éclairs, je crois qu’on a pris la bonne décision. Ils nous proposent le thé, mais vu ce qui nous suit on décline l’invitation et on taille la piste.
On arrive sur ce que je crois être le lac IRIKI mais à la vue de la trace sur la carte je pense que c’est juste la bordure nord du lac, en tout cas c’est un shott tout plat, sec et dans le vent de sable on y voit pas à 50 mètres, à peine on distingue les gros cairns (1m de haut) qui bordent la piste. Et ensuite les cailloux reprennent.
Sur la piste une vingtaine ou trentaine de km avant Foum Zguid on double une colonne de 7 Jeep Cherokee, on en avait déjà doublé 3 sur l’autoroute avant Algeciras dont une qui porte les plaques numéros du rallye Aïcha les gazelles. Ils sont pour la plupart immatriculés dans le 17. On s’arrête, les gars nous proposent une bière, fraîche de surcroît, demande à un aveugle s’il veut voir, bien sur qu’on la veut la bière. Ils sont super bien équipés frigo et tout et tout.
On repart, ma moto à de plus en plus de mal à démarrer ( au kick ), même chaude je dois mettre le starter, on verra plus tard. Peu de temps après on arrive à Foum Zguid. Ouf.
A l’entrée du village on croise deux BMW, une 1200 et une 1150 GS, deux gars du Finistère qui descendent à Dakar. On cause deux minutes et chacun sa route.
‘’ Hé Patrick, on est moulus, hein !!! ‘’
Foum Zguid centre café Chez Rachid
On s’arrête sur la place de Foum Zguid, à l’endroit exact ou nous nous étions arrêté il y a huit ans avec Gégé et Pierre, le shibani qui faisait les brochettes (la cuisson, quand c’est noir c’est cuit) est décédé, Rachid, son fils qui partait en mobylette acheter la viande, est maintenant le patron, il a pris quelques kilos et il nous invite à venir boire l’apéro dans la soirée.
En attendant Tajine Kefta, excellent. Plus d’une heure après notre arrivée on voit les Cherokee passer. Cette piste, en 4x4 je ne voudrais pas la faire.
Pour l’auberge le choix est vite fait, il n’y en a qu’une, l’auberge Iriki.
La douche est presque chaude, je fais ma lessive (calbut et chaussettes parfumés au super plombé).
On revient chez Rachid, whisky, et pas du berbère du vrai, enfin du vrai si on veut, vaut mieux mettre du coca et pas qu’un peu pour l’avaler, il déménage le bougre. Rachid à plein de projets, il y a 8 ans il voulait monter un camping, je crois que ça a foiré, là il a un projet de maison d’hôtes, mais ‘’traditionnel hein’’. Discussion sympa, c’est un malin, il s’en sortira
Retour à l’auberge, diner et dodo. La journée a été mouvementée.
‘’Dit donc Patrick, tu ne trouves pas que ça sent un peu l’essence dans la piaule ?’’.
Dehors le vent souffle sévère.