25-10 Tinerhir Zagora 310Km Italiens en perdition


Comme d’habitude, 4h30 Muesin, 6h00 debout, petit déj extra. On va chercher les motos à l’hosto, on ne voit pas le gardien ni personne, elles étaient bien gardées !!, mais le Maroc est un pays très sur et franchement ça ne craint nulle part.
On reprend les motos, on charge et à 8h00 on reprend la route.
25 Km de goudron avant d’attaquer la piste pour Alnif. Cette piste est en préparation pour un goudronnage futur, ce que Gandini appelle une route Inch Allah, la vieille piste qui serpente autour de la nouvelle est plus intéressante. Passage d’un petit col et arrivée sur Alnif sans problème, plein des motos et on repart pour Zagora.
Après Alnif, on fait une douzaine de Km vers l’est puis à droite cap S, traversée de village, puis à Tabourikt à la sortie du village je prends une mauvaise piste, le GPS indique un cap SW alors que je tire plein sud vers le Djebel, on essaie de retrouver la piste en tirant hors piste au cap mais c’est plein de gros cailloux, ça devient trialisant, demi tour, on retrouve une autre piste qui semble être bonne mais encore une fois elle nous amène vers le Djebel en face, on tire au cap à nouveau et cette fois on retrouve la bonne piste.

On roule maintenant dans une plaine caillouteuse, je m’arrête à un puit bâti, l’eau est à peine à trois mètres de la surface. Patrick roule devant mais il manque un changement de direction, il n’a pas de GPS, au même moment il perd sa plaque phare, j’attends à l’intersection, quand il s’en aperçoit il fait demi tour, on ramasse la plaque, ça repart.



Lorsque l’on quitte cette vallée on aborde une grande étendue qui semble être un shott, le vent s’est levé et souffle assez fort, et se transforme en vent de sable.
On se dirige droit vers un nuage qui masque l’horizon, une petite angoisse monte, en même temps on roule sur une terre asséchée et complètement craquelée, il n’y a plus de piste, les plaques de terre sèche de 20 ou 30 cm large et 3 ou 4 d’épaisseur craquent sous les roues, plus on avance et moins on y voit, la visibilité n’est plus que d’une dizaine de mètre, je m’arrête on décide de rouler cote à cote et ne pas se perdre de vue. On se dirige au GPS, la terre craque sous les roues. Ca ne dure pas bien longtemps mais sensations garanties, on finit par sortir du nuage mais le vent souffle toujours et assez fort.

Vent de sable

La terre croutée
On arrive ensuite sur un village et une zone sableuse que l’on contourne par l’Est avant de repiquer plein Ouest vers Zagora. Arrivée à l’auberge Marabout perdue au milieu de nulle part (en fait c'est un passage fréquenté), pause repas, Tagine Kefta, eau fraîche, le pied. Le jeune qui sert nous parle des différents raids qui passent par là, et nous sort même un article de journal sur le raid de l’amitié avec la liste des engagés des années 90, où l’on retrouvera le nom de Michel B que l’on connaît bien. Incroyable.


L'auberge Marabout


On reprend la piste, j’ouvre devant et je lâche un peu les gaz, au bout d’un moment je me retourne, personne, j’attends un peu mais pas de Patrick, demi tour je vois au loin des 4X4 je me dirige vers eux, ‘’z’avez pas vu une moto ? si si arrêtée plus loin‘’.
Gaz, tout d’un coup un bande de motards et un 4x4 face à moi, les Italiens du premier jour, salut appel de phare, un peu plus loin Patrick arrêté, il a crevé de l’avant et a déjà démonté la roue.
Séance démonte pneu dans le vent de sable, y a mieux comme atelier, le sable se met partout, il y en a plein à l’intérieur du pneu, sur l'axe de roue le sable s'est collé à la graisse, ça va arranger les roulements se traitement, bref ce n’est pas l’endroit idéal.

Le pneu est farci d’épines, Patrick toujours prévoyant s’y est pris un peu au dernier moment pour la préparation de sa moto et en raison d’une rupture de stock sur les pneus Michelin Désert il a monté des T63, ‘’mais si, tu verras ça fera’’ qu’il disait. Remontage, on repart mais va falloir accélérer le rythme si on veut arriver avant la nuit.
Gaz.


On roule à nouveau dans le vent de sable quand, tout d’un coup, 4 motos arrêtées face à nous, les Italiens, décidemment on est fait pour se rencontrer. On s’arrête, ils nous demandent si on a un GPS, à mon tour je leur demande s’ils en ont un, NON, une boussole, NON, une carte, NON. Bref ils sont perdus sans rien, prévoyants les types, leur groupe s’est coupé en deux et à cause du vent de sable ils se sont perdus de vue, bien joué.

Ils nous demandent s’ils peuvent nous suivre, moyennant « una birra » à Zagora on les emmène

Les Italiens

Andiamo.
Il y a une BMW 1200 GS allégée de ses plastiques, le gars roule super bien (il a 5 dakar dont trois arrivées à son actif), un grec en Africa twin sympa qui parle un peu français et qui roule pas mal, une vieille Honda 500 XLR et pour finir un gars avec une BMW 1150 GS qui roule vraiment pas vite, qui semble apeuré et angoissé, le ton montera entre lui et le gars à la 1200.
Nous avons les plus petites motos avec nos 400, mais ils vont avoir du mal à suivre et il faudra s’arrêter tous les 2 ou 3 Km pour les attendre, on n’est pas arrivé.
Dans la traversée de Oum jrane je fais une erreur de navigation à la sortie du village et prend une mauvaise piste, plutôt que de revenir au village je choisis de couper en hors piste. Un petit champ de cailloux, suivi d’une partie sablonneuse, franchissement pas bien compliqué mais le gars à la 1150 ne suit pas, le dakariste fait demi tour, lui relève la moto et l’aide à passer. On repart et on retrouve la bonne piste.

On doit s’arrêter toutes les 5 mn pour les attendre.
On s’arrête pour boire un coup, le gars à la 1150 arrive je lui tends ma bouteille, il jette le bouchon par terre, après il jette la bouteille que Patrick lui a donné ‘’oh garçon ça se fait pas ça, c'est pas un dépotoir ici’’. Il commence à me saouler, celui-là, en fait il a l’air complètement angoissé, je pense qu’il a peur.
Le dakariste s’inquiète pour l’essence, l’heure avance, tout va bien.
On repart, Patrick a à nouveau crevé de l’avant mais ça se dégonfle doucement, on décide de continuer.
J’avais décidé de prendre la piste au sud du Djebel Adafane avant Zagora, mais à regarder derrière en permanence je n’ai pas fait attention au GPS et on a pris la piste au Nord plus marquée, ce n’est pas grave ça y va aussi. Encore une fois il faut attendre les Italiens. Je m’arrête, Patrick me dit qu’il continue doucement à cause de sa roue. Je suis au bord de la piste et deux petites filles d’environ 4 ou 5 ans arrivent vers moi, je me demande d'où elles sortent quand j’aperçois au loin un campement. Elle me regardent sans rien dire, J’ai dans mon sac une partie du pique-nique du midi qu’on n’a pas touché, je décide de leur donner ce que j'ai, le pain, une bouteille d’eau et des céréales.

Vu l’heure on risque de passer la nuit sur la piste. Les Italiens finissent par arriver, l’angoissé à la 1150 me passe devant sans même jeter un œil, son collègue aussi avec la 500 Honda.
Patrick revient en même temps que le Grec et deux autres Italiens du groupe, ça commence à faire du monde.

Leur bande s’est en partie reformée grace au téléphone portable, on peut donc continuer, Arrivederci, i vediamos per la birra.

Avant de repartir on regonfle la roue de Patrick à l’aide d’une petite bombonne de gaz spécial VTT. Maintenant la nuit est tombée, on roule côte à côte ( on y prend gout ), l’éclairage des motos n’est pas top, quand je passe en phare le GPS s’éteint, et de toute façon code ou phare il n’y a pas grande différence, parcontre il faut reinitialiser le GPS dans le noir, bouton "ON", bouton "page" deux fois, pas trop vite sinon ça la prend pas, le tout en roulant, c'est sport. Un œil sur le GPS, l’autre sur la piste, ou ce que j’en devine, grâce à la cartographie Mapsource obtenue sur Internet par Bernard F, je peux suivre notre progression sur la piste grace au mode carte du GPS, elle est en plus bordée de petits cairns. On va s’en sortir. Sans cet outil suivre une piste de nuit est très compliqué voir impossible. On n’a pas parcouru beaucoup de Km mais ça nous a quand même paru long.

On arrive enfin à Zagora, escortés par des mobylettes de jeunes rabatteurs pour les mécanos, hôtels, resto etc…
Zagora a bien changé en 8 ans. On s’arrête devant le palais du gouverneur sous un lampadaire, fastueux.

On consulte le guide du routard, notre choix se porte sur la maison d’hôtes Dar Raha à Amezrou. Bonne pioche.
On est accompagné par Said mécano d’un garage auto moto (service compétition s’il vous plait) qui ne nous lâche pas, on prend sa carte de visite.
On rentre les motos dans le hall d’entrée de la maison, on est les seuls clients.
Bière fraîche, douche et Kefta arrosée au vin rouge de Meknes, la maison est superbe, l’accueil aussi, je dors sur la terrasse
‘’ Hé Patrick, on est moulus, hein !!! ‘’.

La suite....

Hall d’entrée maison Dar Raha, accessoirement garage pour motos