Départ vers 8h00, on prend la route de Demnate. Au programme les parcours F4 et G3 du dernier Gandini. Le goudron jusqu’au barrage de Ait Adel et la piste commence peu après. Un parcours (F4) vraiment très sympa, tout en hauteur et surplomb, des paysages superbes, plein de petits villages de montagne, des vallées profondes, une piste à faire.
On croise des petits camions Bedford rouges chargés de monde. Pour les passagers assis sur le toit de la cabine les points de vues au dessus du vide doivent être plutôt flippants ….. Faut faire confiance au chauffeur.
Transport en commun avec vue panoramique
Le seul arbre à l’horizon
Arrivée à Demnate, plein des motos, et des bonhommes, poulet grillé frites, c’est la fête. Un thé à la menthe et on reprend la route. ‘’Dis on fait des courses au cas ou ? - On n’a que 100 bornes à faire il est 2h00, ça va le faire. - Bon d’accord’’.On passe à Iroultane, site d’empreintes de dinosaures, que l’on manque car je ne l’avais pas noté (va falloir revenir).
Après un gué je manque la piste à droite, vite corrigé.
Et on attaque une belle piste, à nouveau de beaux panoramas, de jolis villages.
Arrivé au gué de Imi n’Ouaqqa indiqué sur le Gandini, surprise les eaux ont tout emporté, la piste est coupée et la marche pour descendre d’environ 2m. De l’autre coté un jeune sur une mule traverse et remonte un peu plus loin sur la piste, nous montrant ainsi le chemin.
Que fait-on ? Comment c’est plus loin ? On a fait environ 50 km depuis Demnate et il en reste un peu moins jusqu’à Agouti, il est pratiquement 16h00 (la nuit tombe un peu avant 18h00), on tente le coup, de toutes façons on pourra toujours repasser dans l’autre sens.
On inspecte les lieux à pieds et on décide de prendre le même chemin que la mule (en 400XR c’est normal diront les KTMiste et autre bleus). Il faut d’abord franchir un caniveau bâti pour l’arrosage, descendre le talus en devers puis une fois dans la rivière passer de l’autre coté. Patrick se lance ça passe sans trop de mal sous les yeux des villageois, je le suis.
Franchissement
On parvient de l’autre coté
On continue, on cherche les gravures indiquées par Gandini, on trouve la dalle mais les gravures ne sont pas évidentes à voir.
Un peu avant 17h00 on arrive au Tizi n’Tighiyst (col) à près de 2400m où se trouve un site de gravures rupestres vraiment important, il y en a partout. C’est superbe. Malheureusement étant donné l’heure avancée on ne traîne pas trop, les gens du coin nous disent qu’il faut plus d’une heure jusqu’à Agouti, une trentaine de km.
La piste à la descente est assez cassante avec de grandes dalles en pierre. De nombreux petits gués ont creusés des fossés dans tous les petits virages intérieurs en épingles, ça passe sans trop de problème, mais il a du pleuvoir pas mal. Au village d’Ighir n’Tissent on prend une mauvaise direction, les villageois nous remettent sur le bon chemin. Il faut passer par l’oued, il n’y a plus beaucoup d’eau mais on voit que le fond a été sérieusement remué. Après Abachkou le chemin est bien humide avec des flaques d’eau et il y a plein de feuilles au sol, mais pas des feuilles mortes, ce sont des feuilles bien vertes, les orages et le vent ont du être violents par ici.
La piste descend dans une vallée, je devine l’oued en bas, sur le road book issu du Gandini j’ai noté «petit pont», petite appréhension dans quel état va-t-il être, est-il toujours entier?
J’aperçois le pont, tout à l’air normal, je ralentis, un trou à gauche mais pas de problème d’accès au pont en moto (en voiture c’est une autre histoire), je passe. De l’autre coté une femme me fait des signes, qui indiquent que ça ne passe pas. en effet une fois de l’autre coté ça tourne à gauche et là………..
Un gros rocher sur le bord droit, les trois quarts de la piste emportés sur la gauche, un gros trou, sans eau maintenant mais où ça devait bouillonner sévère, aïe c’est pas bon tout ça.
Je mets la béquille pour aller voir, lorsque Patrick arrive, passe la marche et s’engage sur le bout de sentier qui reste entre le rocher et le trou. Et là il se retrouve coincé, le guidon frotte sur le rocher à droite au risque de basculer dans le trou à gauche, les sacoches derrière frottent aussi et avec le gros sac au dessus pas moyen de descendre de moto, je sens que pour lui la situation commence à devenir inconfortable. J’escalade le rocher, passe de l’autre coté et attrape sa roue avant à pleines mains, je tiens la moto fermement, il parvient à descendre. Lui derrière et moi devant on fait passer la moto, ouf..; Bon puisque il est de l’autre coté et qu’on a compris comment passer, à mon tour. On maîtrise la technique, ça passe the fingers in the noze.
Il fait presque nuit, numérique en mode photo de nuit, qualité médiocre, mais ça donne une idée.
Bon c’est pas tout, faut y aller car maintenant il fait nuit, Ambiance.
On est qu’à 7 ou 8 km d’Agouti.
On roule maintenant sur la rive droite, la piste se divise en deux, une piste à gauche vers le bas l’autre en montant. La piste du bas semble plus marquée, tandis que l’autre tient plus du chemin de chèvre, j’opte pour le bas, mauvaise pioche, elle se termine dans l’oued. Demi tour, va par le haut, après un passage un peu sableux, des ravinements, la piste redevient marquée, mon compère ouvre la marche. A nouveau un Y, il opte pour la droite en haut, mauvaise pioche la piste disparaît, il fait nuit noire.
Je vais repérer à pied et il me semble deviner la piste qui contourne la hauteur où nous nous trouvons par le bas. Demi tour pour reprendre la piste du bas, c’est bon. A une ou deux reprises, je ne me souviens plus, la piste qui, maintenant surplombe l’oued de quelques mètres a été emportée, mais il reste l’équivalent d’un sentier qui se passe sans problème en moto, sauf qu’il fait nuit et que l’éclairage n’est pas terrible, on va pas faire un temps. Un affluent de l’oued qui descend de la montagne à franchir, deux petites marches à négocier et puis la piste monte s’éloignant de l’oued, ouf, je me détends un peu. Je regarde le GPS on est presque arrivé, quand soudain au beau milieu de la piste un énorme rocher et des éboulis, m….de on est maudits, décidément.
Il reste un passage d’environ 40 cm entre le rocher et le vide, ça va passer assis sur le rocher, la moto en première sur un filet de gaz, re ouf. La piste continue de monter, tout à coup j’aperçois deux panneaux de signalisation routière au dessus : la route, rereouf on est arrivé, content de trouver le goudron, nous qui passons notre temps à essayer de l’éviter.
Sur mon road book j’ai noté : ‘’Flilou la maison Berbère entrée Ouest du village près du sculpteur, bonne adresse très propre’’.
On tombe dessus quasiment immédiatement, ‘’ Hé Patrick, on est moulus hein !!!’’.
On s’arrête, mais tout semble fermé, c’est éteint. Je m’approche, il me semble voir une lueur à l’intérieur, je pousse la porte, un bougie allumée, ‘’ Y a quelqu’un ?’’ Et oui il y a quelqu’un, il n’y a plus d’électricité à cause des orages mais le gîte est ouvert. On a l’impression d’être seuls, le patron nous guide pour garer les motos dans une cours fermée, entre temps quatre treckeurs parisiens sont arrivés en taxi, le gîte s’anime. Chambre dortoir à 50 Dh (5€) la nuit, le grand luxe. Une adresse à recommander. (Guides expérimentés pour le trecking.)
Pour la douche, c’est à l’eau froide alors wallou.
Et en plus on va même dîner, repas aux chandelles soupe au lait, omelette tomate, pomme, thé c’est Byzance, moi qui nous voyais dormir sur la piste au bord de l’oued (j’avais quand même une ration de lyophilisé et quelques barres de céréales dans le sac au cazou).
Entre temps une jeune femme est arrivée avec sa petite fille pour dîner, il se trouve qu’elle a habité à une dizaine de km de chez moi, le hasard des rencontres. Elle est là pour un mariage et la veille elle a attendu toute la journée sur la route que l’oued baisse pour pouvoir passer. Un shibani de 84 ans lui a dit qu’il n’avait jamais vu autant d’eau de sa vie, en tous cas ça a fait des dégâts, certains villages ne vont pas voir de voiture avant un moment.
Repas sympa, discussion sympa. Bref une excellente journée du début à la fin. Pratiquement 8h00 de moto, des émotions, des souvenirs, des images plein la tête.
Aller dodo.
Gite Flilou