Récit du voyage 2006 ( 22 Oct - 2 nov )

Nous partîmes 6 et par un prompt renfort, nous nous vîmes ………….. 2 en arrivant au port d’Algeciras.
Le projet initial où nous devions être trois motos accompagnées d’un 4x4 d’assistance c’est finalement transformé en une virée à deux motos en autonomie. Huit ans que l'on attendait ça on n'allait pas renoncer maintenant. Chaque jour des aventures nouvelles, des imprévus, des crevaisons, des pannes, des orages, des innondations, des pistes coupées, des rencontres, bref tout sauf la monotonie. Afin de faire partager ce voyage à la famille et aux amis, le récit au jour le jour (à droite rubrique archive) à partir de notes prises pendant le voyage . Toutes les photos , ainsi que la trace GPS .
Les voyageurs : Patrick et Eric, les motos : 400 XR stocks de 8 et 10 ans simplement équipées d’un réservoir de 20l pour une autonomie d’environ 350 Km, une paire de sacoches cavalières, quelques fringues, des outils ( des chambres à air, important ) une brosse à dent un duvet et roule.

Bonne lecture.

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21-10 Pujaudran Algeciras 1500 Km


Réveil à 2h00, petit déj, chargement des motos et départ à 3h00 pour 1500 km et 15 heures de route à travers l’Espagne, pas grand-chose à raconter, 18h00 arrivée au camping La Casita près d’Algeciras, négociation pour le gardiennage de la voiture et de la remorque. En fait on ne négocie pas grand-chose, 22€ pour la nuit et 6€ par jour pour la voiture et la remorque. Resto le soir à La Linea en bord de mer, poisson fruit de mer vin blanc, et dodo.

22-10 Algeciras Fes 260Km Premières pistes


Réveil 6h00, la logistique laisse à désirer, rien de prévu pour le petit déj. Il y a deux pommes et deux bananes dans la voiture, ça fera. Départ vers 8h30 direction le port d’Algeciras, arrivée au port vers 9h00, achat des billets rapidement, départ du ferry à 9h45, excellente organisation.
Arrivée à Ceuta, plein des motos, direction la frontière, change avant la douane au cours de 10.50, c’est pas très avantageux mais on n’a pas de Dirham et faut bien changer. A la douane un ‘’facilitateur de passage‘’ cherche bien sûr à nous prendre par la main, il comprendra vite que l’on va se débrouiller tout seul. Au guichet des cartes grises un gars me dit bonjour en me disant
‘’on se connaît ! , -
- non Je ne vois pas,
- Mais si en Tunisie avec JSO’’.
En effet j’ai fait un raid avec JSO dans le sud tunisien en 2002, mais j’avoue ne pas l’avoir reconnu. Par contre peu de temps après arrive un deuxième gars que je reconnais, il roulait en KTM, ils sont au Maroc avec une organisation et vont faire un tour dans le sud.
Les formalités sont rapides, mise en place du GPS sur la moto, c’est parti.

Route jusqu'à Tetouan, détour par Chefchaouen

où l’on cherche à acheter de quoi casser la croûte, mais c’est ramadan et les boutiques sont fermées, on fait un tour, on trouve une pâtisserie, deux tartes et deux chocolatines (pains au chocolat pour les nordistes) ça fera.
A la sortie de la ville on tombe sur le marché, on complète les achats, des sardines à l’huile, de la "vache qui rit" du pain et deux pommes, le tout pour à peine plus de 10 Dh soit 1 €. On va faire bombance.

Pique-nique sur les hauteurs avec vue sur Chefchaouen. ‘’ Hé Patrick, on est moulus, hein !!! ‘’. Au village de Souk El Had, à gauche direction Mokrisset où on espère trouver un peu de piste pour se mettre en jambe. La piste débute rapidement, on double une colonne d’Italiens, 8 motos et un 4x4, on les reverra dans quelques jours dans d’autres circonstances. La piste est en fait une route qui s’est dégradée en piste et qui redeviendra route bientôt à la vue des travaux en cours. Cette piste est facile et agréable, parfais pour un début, les motos, même chargées, restent faciles à conduire. Les paysages sur les montagnes du rif sont splendides. Tout se présente idéalement.

Après Zoumi, on reprend la route jusqu’à Fes.
Sur les hauteurs avant Fes on s’arrête pour s’organiser pour la nuit, j’ai récupéré une adresse donnée sur le forum internet le Maroc en 4x4, j’appelle, demande le tarif, 2000 Dirhams (200€), oups c’est pas dans nos budgets, sur le routard on trouve l’hôtel Dalila, appel, chambre libre, ok on arrive. A l’entrée de Fes on est sollicité par des gars en mob pour nous trouver hôtel guide resto etc…, on va se débrouiller tout seul, on demande à un policier qui nous envoie à dache, en fait on s’en apercevra à plusieurs reprise lors du voyage, les policiers ne peuvent pas ne pas savoir question de dignité, donc ils vous envoient quelque part et c’est souvent n’importe où. Bref au bout d’un moment on cède et on se fait guider par un gars en mob pour 20 Dh.
200 Dh l’hôtel ce n’est pas le luxe mais c’est propre et la douche est chaude. Les motos sont au parking gardé pour mobylettes.
Pour le repas on repère une adresse dans le routard, on reprend les motos, et encore une fois on tourne et retourne dans Fes, on finit quand même par trouver le resto,……. Fermé. Retour à l’hôtel, il est bientôt 9h00, j’ai une adresse avec un numéro de téléphone, restaurant La Ménara, j’appelle, le patron nous conseille de prendre un petit taxi jusqu’à un cinéma où il nous attendra. Il est bien présent au RDV, on le suit dans la médina, et après trois ou quatre virages on est perdu, il n’y a plus qu’à le suivre dans ce dédalle. Au bout d’un moment il s’arrête devant une grande porte en bois, nous entrons dans une superbe demeure, de la mosaïque partout des décors en plâtre, en fait c’est une maison traditionnelle de famille. Hassan nous accueille chaleureusement, nous explique plein de chose sur Fes et le Maroc, le repas préparé par sa mère est excellent ( pastilla ), bref une adresse à conseiller.
Pour le retour Hassan demande à son petit voisin de nous guider à travers la médina.

La médina la nuit quand les touristes sont partis c’est vraiment à voir et à faire.

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Restaurant La Ménara

23-10 Fes Midelt 281Km Barbelés sur la piste


Réveil 6h00, de toutes façons on est réveillé à 4h15 par le Muesin pour l’appel de l’appel à la prière de 5h00. Je ne sais pas si c’est à cause du ramadan mais on a droit à un premier appel à 4h15 et un second à 5h00, et en plus ils ont mis la sono à fond et ça dure un moment, d’autant plus que l’on entend aussi au loin les appels des autres mosquées de Fes, Ambiance.


Pour le petit déj, là aussi ce n’est pas possible, le veilleur trouve déjà qu’être réveillé à 7h00 c’est difficile et que la journée débute mal, alors pour le petit déj on repassera.


Bref on charge les motos et on part, il est 7h30, on a rien à manger et pas grand chose à boire, on trouvera sur la route. Mais sur la route tout est fermé, c’est ramadan.
Dans la montée sur Imouzer Kandar avant Ifrane vers 1800m d’altitude les motos ratatouillent et carburent mal, en particulier celle de Patrick qui, sur mes conseils a changé les réglages de carburation pour pouvoir remonter la chicane du pot et avoir une moto plus silencieuse. Visiblement ce n’est pas une réussite.

Avant Ifrane, premières pistes, la piste T1 décrite par Gandini, superbes pistes caillouteuses par endroit, super.

Sauf qu’à un moment en plein milieu de la piste, un fil de fer barbelé est tendu, je le vois au dernier moment, freinage catastrophe, trop tard, j’emporte le fil de fer, bruit de ferraille, mais j'évite la chute. Une fois arrêté je constate les dégâts, ouf rien de grave, le sabot, le pot d’échappement et une ailette du cylindre sont bien rayés, mais c’est tout, pas de crevaison, tout va bien.

Grosse frayeur quand même, surtout que les barbelés sont d’une section maousse costaud.
‘’ Hé Patrick, on est moulus, hein !!! ‘’
Piste de ski avant Ifrane, une seule remontée mécanique.



Arrivée à Ifrane, la Suisse du Maroc. Devant le palais royal une armée de jardiniers s’affaire à l’entretien des espaces verts. On a l’impression d’avoir changé de pays. On s’arrête dans un hôtel pour acheter de l’eau, coup de bambou, 15 Dh la bouteille, ‘’c’est un trois étoiles Monsieur‘’, ah bon. Plein des motos, on se dirige vers le centre, les magasins sont ouverts, achat pour le pique-nique, Sardines à la tomate (faut varier un peu), "vache qui rit", pain grillé (pas de pain frais avant 13h00, Inch Allah). On repart, piste à gauche après la station, passage au cèdre de Gouraud, un bout de goudron sur la route Azrou Midelt puis piste à gauche plein sud. Gaz






Cèdre de Gouraud

La moto de Patrick devient inconduisible en raison de la carburation, on est à plus de 2000m d'altitude. Arrêt casse croûte dans la forêt et séance mécanique pour enlever la chicane qui étouffe le moteur.


Mais elle est rebelle et ne veut pas sortir, à l’aide d’un câble on attache la chicane à un arbre, démarrage, première, accélération et rien ne bouge, la roue creuse la sol mais c’est tout, en tirant par petit à coups on parviendra à la sortir. Essai sur la piste, ‘’ le jour et la nuit, plus aucun raté ‘’ Pour ma part la tête de vis cruciforme est trop abîmée, pour sortir la chicane, il faut une perceuse, j’enlève le tissu Sand-stop que j’avais mis à l’entrée du filtre à air, ça va un peu mieux mais c’est pas encore ça.


La chicane ne bouge pas


Rencontre d’un couple avec un Toy immatriculé dans le 33, super bien équipé. On discute de nos parcours respectifs.
On repart, dans les forêts de cèdre, piste sablonneuse superbe, plus loin on verra les singes mais trop loin pour les photos. Dans un petit village, voyant qu’on ne veut pas donner de stylo ou bonbon les enfants veulent nous envoyer sur une mauvaise piste, merci le GPS.



Un peu avant Bakrit, sur 2 ou 3 Km la piste est recouverte de tas de gros graviers bennés là en vue de refaire la piste, sur la première partie ça passe à droite ou à gauche, mais ensuite la piste est en corniche et il faut franchir les woops formés par les tas de gravier, pas de problème en moto, par contre en 4x4 ça doit être moins drôle.



Retour sur le goudron, grande ligne droite, arrivée sur Midelt. Arrêt dans un garage pour voir s’ils peuvent mettre en coup de perceuse à ma vis, ils n’ont pas de ‘’miche’’ et proposent de souder un bout de ferraille sur la vis pour l’enlever, non merci on verra plus tard. Arrivée à Midelt vers 17h00, hôtel Atlas, 170Dh, la nuit, les deux repas, garage pour les motos et douche chaude.



Rencontre avec un gars du Finistère avec un vieux BJ45 qui se refait une santé à Midelt, il nous offre deux bières dans notre chambre, sympa.
Discussion à table avec un couple de Back-packers Québécois. A coté des Hollandais pas très causants. Ballade dans Midelt, très vivant en soirée en raison du ramadan, courses pour le lendemain.
Discussion au souk avec un Marocain un peu politique, mais sympa.
Dodo, demain grosse étape.


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24-10 Midelt Tinerhir 260Km Cirque de Jaffar


Réveil 6h00, mais encore une fois le Muesin nous a préparé au réveil, petit dej en chambre, chocolatine et mandarine c’est frugal. Départ 7h40, on tourne un peu dans Midelt avant de trouver la piste, de Jaffar, que nous avions faite il y a 8 ans.

Arrivée en surplomb du cirque et photos souvenirs, il y a 8 ans nous avions fait demi tour ici, là nous allons continuer la piste dite "piste aux frissons" pour les 4x4treux, en moto ça pose pas vraiment de problème, mais par endroit les devers sont importants. Sensations en 4X4. Pour la remontée on se trompe de piste, petit aller retour dans un canyon un peu trialisant mais sympa, la piste en suivant est vraiment superbe, les points de vue aussi.


cirque de Jaffar


Piste qui descend dans le cirque ( dite piste aux frissons )

A hauteur du village de Tizi’n zou on s’arrête devant une grosse saignée sur la piste, ( 2m de large et autant de profondeur, c’est peut-être plus qu'une saignée là ) un local nous indique que la piste est coupée et qu’il faut faire demi tour, bien entendu il demande quelque chose pour le renseignement, on hésite un peu mais la direction est bonne par rapport au GPS et le fossé est franchissable en moto, on décide de continuer, on aura deux ou trois franchissements dans le même style, puis un chemin de chèvre avant de retrouver la piste. Je pense qu’en passant plus au sud par le village il ne doit pas y avoir de problème, par contre où l’on est passé les 4X4 ne passent pas.

Notre premier gué (ce ne sera pas le dernier)

Goudron jusqu’à Agoudim, dans le canyon on voit les dégâts causés par les crues du printemps, c’est vraiment impressionnant, les eaux ont emporté des pans entiers de murs en béton. La piste reprend après Agoudim.
Arrêt pique-nique près de Tamalout dans un oued bordé de cèdres.


La piste continue, passage d’un col à 2650m avant Imilchil, on met un peu de gaz dans la montée. Patrick est pressé, tourista ??, non non juste envie de se lâcher un peu.


Retour sur le goudron, on ne passe pas dans le village d’Imilchil, direction les gorges du Thodra, passage à nouveau à 2670m, descente sur les gorges, dommage que cela soit goudronné, et surtout d’avoir construit un hôtel à l’entrée des gorges, c’était un lieu à préserver. On double deux 4x4 immatriculés 31, ils semblent être vraiment très chargés.

Arrivée à Tinerhir vers 16h00 après plus de 6h30 de moto. Recherche sur le routard, notre choix se porte sur une maison d’hôtes, nommée ‘’retour au calme’’ vraiment super (email :hote.calme@mageos.com) notre hôte Mohamed est vraiment très sympa et accueillant, la maison est vraiment typique en bordure de la palmeraie et super bien tenue, on y mange très bien et le petit déj ( le premier au Maroc ) est extra, bref une adresse à recommander. On parle de beaucoup de choses, une de nos meilleures étapes.


Vue de la chambre le matin

C’est la fin du Ramadan, les gens sont dans la rue, endimanchés pour visiter la famille et les voisins.
On va boire un coca en ville, discussion avec un local qui nous explique la difficulté de suivre le ramadan, et qui est bien content que cela se termine.
On fait quelques courses pour le pique-nique du lendemain, ce coup-ci on fera maquereaux à la place des sardines, c’est fête. Un jeune nous guide à la boutique et dans un café pour acheter du pain, et sans autre but que nous aider, il ne cherche pas à vendre ou nous entraîner quelque part, ça change un peu.
Super Tajine, les motos sont garées sur le parking de l’hôpital, le père de Mohamed y travaillait avant, c’est gardé toute la nuit.
J’arrive enfin à connecter le GPS et le pocket Pc et télécharger la trace des étapes précédentes, il était temps la mémoire du GPS est pleine.
‘’ Hé Patrick, on est moulus, hein !!! ‘’
Demain grosse étape.

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25-10 Tinerhir Zagora 310Km Italiens en perdition


Comme d’habitude, 4h30 Muesin, 6h00 debout, petit déj extra. On va chercher les motos à l’hosto, on ne voit pas le gardien ni personne, elles étaient bien gardées !!, mais le Maroc est un pays très sur et franchement ça ne craint nulle part.
On reprend les motos, on charge et à 8h00 on reprend la route.
25 Km de goudron avant d’attaquer la piste pour Alnif. Cette piste est en préparation pour un goudronnage futur, ce que Gandini appelle une route Inch Allah, la vieille piste qui serpente autour de la nouvelle est plus intéressante. Passage d’un petit col et arrivée sur Alnif sans problème, plein des motos et on repart pour Zagora.
Après Alnif, on fait une douzaine de Km vers l’est puis à droite cap S, traversée de village, puis à Tabourikt à la sortie du village je prends une mauvaise piste, le GPS indique un cap SW alors que je tire plein sud vers le Djebel, on essaie de retrouver la piste en tirant hors piste au cap mais c’est plein de gros cailloux, ça devient trialisant, demi tour, on retrouve une autre piste qui semble être bonne mais encore une fois elle nous amène vers le Djebel en face, on tire au cap à nouveau et cette fois on retrouve la bonne piste.

On roule maintenant dans une plaine caillouteuse, je m’arrête à un puit bâti, l’eau est à peine à trois mètres de la surface. Patrick roule devant mais il manque un changement de direction, il n’a pas de GPS, au même moment il perd sa plaque phare, j’attends à l’intersection, quand il s’en aperçoit il fait demi tour, on ramasse la plaque, ça repart.



Lorsque l’on quitte cette vallée on aborde une grande étendue qui semble être un shott, le vent s’est levé et souffle assez fort, et se transforme en vent de sable.
On se dirige droit vers un nuage qui masque l’horizon, une petite angoisse monte, en même temps on roule sur une terre asséchée et complètement craquelée, il n’y a plus de piste, les plaques de terre sèche de 20 ou 30 cm large et 3 ou 4 d’épaisseur craquent sous les roues, plus on avance et moins on y voit, la visibilité n’est plus que d’une dizaine de mètre, je m’arrête on décide de rouler cote à cote et ne pas se perdre de vue. On se dirige au GPS, la terre craque sous les roues. Ca ne dure pas bien longtemps mais sensations garanties, on finit par sortir du nuage mais le vent souffle toujours et assez fort.

Vent de sable

La terre croutée
On arrive ensuite sur un village et une zone sableuse que l’on contourne par l’Est avant de repiquer plein Ouest vers Zagora. Arrivée à l’auberge Marabout perdue au milieu de nulle part (en fait c'est un passage fréquenté), pause repas, Tagine Kefta, eau fraîche, le pied. Le jeune qui sert nous parle des différents raids qui passent par là, et nous sort même un article de journal sur le raid de l’amitié avec la liste des engagés des années 90, où l’on retrouvera le nom de Michel B que l’on connaît bien. Incroyable.


L'auberge Marabout


On reprend la piste, j’ouvre devant et je lâche un peu les gaz, au bout d’un moment je me retourne, personne, j’attends un peu mais pas de Patrick, demi tour je vois au loin des 4X4 je me dirige vers eux, ‘’z’avez pas vu une moto ? si si arrêtée plus loin‘’.
Gaz, tout d’un coup un bande de motards et un 4x4 face à moi, les Italiens du premier jour, salut appel de phare, un peu plus loin Patrick arrêté, il a crevé de l’avant et a déjà démonté la roue.
Séance démonte pneu dans le vent de sable, y a mieux comme atelier, le sable se met partout, il y en a plein à l’intérieur du pneu, sur l'axe de roue le sable s'est collé à la graisse, ça va arranger les roulements se traitement, bref ce n’est pas l’endroit idéal.

Le pneu est farci d’épines, Patrick toujours prévoyant s’y est pris un peu au dernier moment pour la préparation de sa moto et en raison d’une rupture de stock sur les pneus Michelin Désert il a monté des T63, ‘’mais si, tu verras ça fera’’ qu’il disait. Remontage, on repart mais va falloir accélérer le rythme si on veut arriver avant la nuit.
Gaz.


On roule à nouveau dans le vent de sable quand, tout d’un coup, 4 motos arrêtées face à nous, les Italiens, décidemment on est fait pour se rencontrer. On s’arrête, ils nous demandent si on a un GPS, à mon tour je leur demande s’ils en ont un, NON, une boussole, NON, une carte, NON. Bref ils sont perdus sans rien, prévoyants les types, leur groupe s’est coupé en deux et à cause du vent de sable ils se sont perdus de vue, bien joué.

Ils nous demandent s’ils peuvent nous suivre, moyennant « una birra » à Zagora on les emmène

Les Italiens

Andiamo.
Il y a une BMW 1200 GS allégée de ses plastiques, le gars roule super bien (il a 5 dakar dont trois arrivées à son actif), un grec en Africa twin sympa qui parle un peu français et qui roule pas mal, une vieille Honda 500 XLR et pour finir un gars avec une BMW 1150 GS qui roule vraiment pas vite, qui semble apeuré et angoissé, le ton montera entre lui et le gars à la 1200.
Nous avons les plus petites motos avec nos 400, mais ils vont avoir du mal à suivre et il faudra s’arrêter tous les 2 ou 3 Km pour les attendre, on n’est pas arrivé.
Dans la traversée de Oum jrane je fais une erreur de navigation à la sortie du village et prend une mauvaise piste, plutôt que de revenir au village je choisis de couper en hors piste. Un petit champ de cailloux, suivi d’une partie sablonneuse, franchissement pas bien compliqué mais le gars à la 1150 ne suit pas, le dakariste fait demi tour, lui relève la moto et l’aide à passer. On repart et on retrouve la bonne piste.

On doit s’arrêter toutes les 5 mn pour les attendre.
On s’arrête pour boire un coup, le gars à la 1150 arrive je lui tends ma bouteille, il jette le bouchon par terre, après il jette la bouteille que Patrick lui a donné ‘’oh garçon ça se fait pas ça, c'est pas un dépotoir ici’’. Il commence à me saouler, celui-là, en fait il a l’air complètement angoissé, je pense qu’il a peur.
Le dakariste s’inquiète pour l’essence, l’heure avance, tout va bien.
On repart, Patrick a à nouveau crevé de l’avant mais ça se dégonfle doucement, on décide de continuer.
J’avais décidé de prendre la piste au sud du Djebel Adafane avant Zagora, mais à regarder derrière en permanence je n’ai pas fait attention au GPS et on a pris la piste au Nord plus marquée, ce n’est pas grave ça y va aussi. Encore une fois il faut attendre les Italiens. Je m’arrête, Patrick me dit qu’il continue doucement à cause de sa roue. Je suis au bord de la piste et deux petites filles d’environ 4 ou 5 ans arrivent vers moi, je me demande d'où elles sortent quand j’aperçois au loin un campement. Elle me regardent sans rien dire, J’ai dans mon sac une partie du pique-nique du midi qu’on n’a pas touché, je décide de leur donner ce que j'ai, le pain, une bouteille d’eau et des céréales.

Vu l’heure on risque de passer la nuit sur la piste. Les Italiens finissent par arriver, l’angoissé à la 1150 me passe devant sans même jeter un œil, son collègue aussi avec la 500 Honda.
Patrick revient en même temps que le Grec et deux autres Italiens du groupe, ça commence à faire du monde.

Leur bande s’est en partie reformée grace au téléphone portable, on peut donc continuer, Arrivederci, i vediamos per la birra.

Avant de repartir on regonfle la roue de Patrick à l’aide d’une petite bombonne de gaz spécial VTT. Maintenant la nuit est tombée, on roule côte à côte ( on y prend gout ), l’éclairage des motos n’est pas top, quand je passe en phare le GPS s’éteint, et de toute façon code ou phare il n’y a pas grande différence, parcontre il faut reinitialiser le GPS dans le noir, bouton "ON", bouton "page" deux fois, pas trop vite sinon ça la prend pas, le tout en roulant, c'est sport. Un œil sur le GPS, l’autre sur la piste, ou ce que j’en devine, grâce à la cartographie Mapsource obtenue sur Internet par Bernard F, je peux suivre notre progression sur la piste grace au mode carte du GPS, elle est en plus bordée de petits cairns. On va s’en sortir. Sans cet outil suivre une piste de nuit est très compliqué voir impossible. On n’a pas parcouru beaucoup de Km mais ça nous a quand même paru long.

On arrive enfin à Zagora, escortés par des mobylettes de jeunes rabatteurs pour les mécanos, hôtels, resto etc…
Zagora a bien changé en 8 ans. On s’arrête devant le palais du gouverneur sous un lampadaire, fastueux.

On consulte le guide du routard, notre choix se porte sur la maison d’hôtes Dar Raha à Amezrou. Bonne pioche.
On est accompagné par Said mécano d’un garage auto moto (service compétition s’il vous plait) qui ne nous lâche pas, on prend sa carte de visite.
On rentre les motos dans le hall d’entrée de la maison, on est les seuls clients.
Bière fraîche, douche et Kefta arrosée au vin rouge de Meknes, la maison est superbe, l’accueil aussi, je dors sur la terrasse
‘’ Hé Patrick, on est moulus, hein !!! ‘’.

La suite....

Hall d’entrée maison Dar Raha, accessoirement garage pour motos




26-10 Zagora Zagora 5Km Embrayage cassé

J’avais prévu une journée de repos à Zagora, mais comme on se sent en forme, on décide de faire un bout de l’étape suivante, c-à-d d’aller jusqu’à Mhamid, une centaine de km et de faire une tour du coté des dunes du juif pour voir ce que donnent les motos chargées avant de traverser l’erg Chegaga.


Zagora à l'aube

La palmeraie
Avant cela séance démonte pneu dans le hall d’entrée, Patrick démonte sa roue, je colle les rustines, travail d’équipe, le pneu est toujours farci d’épines, ‘’ mais si, tu verras ça fera le T63’’, Patrick essaie d’en enlever au maximum.


Avant de partir on passe au garage chez Said mettre un coup de perceuse pour enlever la chicane à ma moto, ça sera ça de fait. Passage à la banque pour changer, plein des motos et là en ouvrant mon portefeuille, je m’aperçois que j’ai perdu mon passeport, grand moment de solitude, j’ai du le perdre à la banque, j’y cours, fermée, le guichetier me vois par la fenêtre et sort me donner le passeport, ouf. Ca commence bien.


En route, on attrape la piste, on n’a pas fait 2 km, Patrick me fait signe, «j’ai un problème», aïe, plus d’embrayage. C’est comme si le câble avait cassé mais il n’est pas cassé. C’est interne.
Re Aïe. Démontage du carter. Tout semble normal, mais en fait non, l’épaulement de la butée d’embrayage est cassé, il est coincé entre la fourchette et le carter, c’est un moindre mal, ça vaut mieux là qu’au fond de la boite.

Constatation des dégâts
Ca se présente mal, on peut rouler sans embrayage mais il reste plus de 1500km et les dunes de Chegaga.
Retour à la case départ, il était dit que ça devait être une journée de repos.
Patrick propose d’appeler son assurance, je lui propose de revenir au garage ils auront peut être une solution, j’ai toujours lu partout qu’en Afrique c’étaient les rois de la débrouille.
De retour au garage, on démonte, on leur explique. Said cherche dans son stock de pièces, puis s’en va avec la butée cassée.
Patrick appelle l’assistance de son assurance, et surprise on l’informe qu’il n’a pas d’assistance. Tout va bien. (Heureusement que ce n’est pas une guitare cassée).
Said ne revient pas, on nous offre le thé, on demande des nouvelles à un mécano, il appelle sur le portable et Said nous annonce qu’ils vont ressouder la pièce et en tourner une à l’identique.
On se regarde un peu surpris, Inch’allah. Y a plus qu’à attendre.
Ca va prendre un peu de temps, on pique-nique sur place, visite les ateliers des mécanos aux alentours, et petit à petit le moral revient.


La pièce ressoudée

Said revient, nous présente la pièce soudée, ça n’a pas l’air mal. Puis la pièce tournée, on essaye de la monter, ça ne va pas. Retour chez le tourneur.
Pendant ce temps je reviens à la maison d’hôtes, croise Antoine le patron, qui rigole en me voyant, y a de la place ? On revient en deuxième soirée, tout compte fait c’était pas mal. Retour au garage, nouvel essai, ça ne va toujours pas, ce n’est pas les rois du pied à coulisse, ce coup-ci je prends Said en moto et on va tous les deux chez le tourneur.


Le tourneur
Ce coup-ci c’est le bon, ça fonctionne, tout au moins à l’arrêt, l’acier n’est pas du tout de la même qualité, mais on ne va pas faire les difficiles. Remontage du carter et essai en roulant. Démarrage, débrayage, première c’est parti, seconde plus rien, embrayage bloqué. Aïe Redémontage, la butée est coincée, impossible à sortir mais surtout comme elle a tourné avec l’embrayage, elle a été ‘’usinée’’ par la fourchette, il y a de la limaille plein l’huile. En fait il manquait un méplat sur la partie qui s’insère à l’intérieur de la cloche d’embrayage, pour la lubrification sûrement, qui n’a pas été fait, la butée a tourné, s’est mise en travers et s’est coincée.
On bataille une bonne demi-heure avec deux tournevis et un marteau pour la sortir, on y parvient enfin. On remonte la pièce d’origine soudée, on fini la pièce tournée à la lime et au papier verre, on la garde en remplacement, au cas ou. Je propose à Patrick une vidange à cause de la limaille, « meuh non le filtre et la crépine vont arrêter ça, honda c'est du solide ».


Il se fait tard, retour à la maison Dar Raha, bières tagine vin rouge, la routine quoi.
Appel de l’assurance, "désolé c’était une erreur, voici le numéro de dossier...", ça nous fait une belle jambe.

Dodo sur la terrasse.


La suite.....


27-10 Zagora Foum Zguid 240Km Lessive au Super



Départ à 8h00, on reprend la piste de la veille en espérant aller un peu plus loin.
Piste facile rectiligne, j’ai manqué une piste à droite, on tire au cap dans les cailloux jusqu’au goudron pour passer le col. Après le col on aperçoit sur la droite un petit chemin de chèvre qui monte à un autre petit col, on le prend. Au sommet on descend à pied voir comment ça se présente, ça passe, petit chemin monotrace sympa, retour dans la plaine, on contourne le djebel, on arrive a Tagounite moitié en hors piste pour reprendre la route jusqu’à Mhamid.






A Mhamid le vent s’est levé et commence à souffler fort, les guides nous sautent dessus, ‘’ les dunes de Chegaga sont plus hautes que Chebbi (menteur), tu vas te perdre (et le GPS alors), la piste est très dure etc…’’ au bout d’un moment je m’énerve un peu et demande à un guide à la coupe rasta d’arrêter de me raconter des salades car il commence à me saouler.


On fait quelques achats, sardines, "vache qui rit", pain, les éléments de base quoi.
On a assez d’essence pour arriver à Foum Zguid mais par sécurité on décide d’ajouter 5 litres chacun. On nous indique une boutique à la sortie qui vend de l’essence en bidon. On y va.
On se gare devant et là grand moment de rock’n roll.
Je mets la béquille, dévisse le bouchon du réservoir, et je ne sais pas pourquoi je décide de descendre de moto par la droite. Je dois préciser que je suis un peu court sur pattes et que la moto est haute.
En voulant passer ma jambe gauche par-dessus la moto, j’accroche la sacoche avec le talon, je perds l’équilibre et tombe à la renverse sur le cul, dans le mouvement j’entraîne la moto que je vois tomber à son tour sur moi le réservoir grand ouvert, l’essence qui coule à flot. Je me redresse d’un bond, relève la moto avec une rage non contenue….
Je suis trempé d’essence jusqu’à la ceinture.
Bien évidemment l’essence commence à me brûler vous imaginez quoi (heureusement que personne ne fumait dans le coin).
Rapidement j’ai le bignou en feu. Les jambes un peu aussi mais là c’est rien.
Je sors les bottes, les chaussettes, vire le futal, attrape une bouteille d’eau dans mon sac à dos et me la verse dans le calbut, ‘’put…. ça pique …’’
En un temps record je défais les bagages (tous les matins on passe 20 à 30 mn à tout harnacher), attrape un caleçon et mon jean, je me mets à poil dans la rue, les gamins tout autour sont explosés de rire, je me remet une rafale de flotte, m’essuie avec un tee shirt, enfile le calbard et le jean, le tout en deux minutes chrono, ouf ça commence à aller mieux.
Un gars sort de la boutique et me met un saxo pour m’être mis tout nu dans la rue, je lui fais mes excuses mais y avait urgence.


Bon bin, maintenant on est propre pour traverser l’erg. Comme on voyage léger, je n’ai qu’un jean.


Je n’ai plus qu’à laver mon pantalon de moto. Je rentre dans la boutique, demande s’ils ont une bassine et de la lessive, on m’envoie chercher ça aux toilettes, je vous épargnerai la description des lieux. Je remplis le seau en apnée et retourne dans la rue faire ma lessive. Lavage, essorage, relavage, re-essorage, ça pue toujours autant l’essence, à la troisième j’abandonne ça fera comme ça.



Lavage (30° y a écrit sur l’étiquette)


Essorage


Je remets le pantalon de moto, je suis au frais mais ce n’est pas plus mal, vu la chaleur que j’ai eu.
Le guide rasta passe à ce moment là et se marre.


On met 5 litres d’essence, j’achète deux bouteilles d’eau. Bon on y va ??.


On attaque la piste, sablonneuse, on double 2 Toy immatriculés dans le 38, ça va mieux que tout à l’heure. On attaque un peu de sable, puis des parties de reg, caillouteuses, puis du sable, puis re-cailloux etc... On navigue au cap, c’est sympa, par contre le vent est toujours là et forcit un peu.
Dans les dunettes je cafouille un peu, pas évident de garder un cap et trouver le bon passage dans les petites dunes, les sensations de pilotage dans le sable commencent à revenir. Mais la moto est lourde et avec les sacoches quand il faut poser le pied pour se récupérer, on se les reprend dans les mollets. Bref la moto chargée ou vide dans les dunes ce n’est pas la même musique.
Au loin un vent de sable est formé, on continue dans les cailloux. Devant le ciel devient franchement noir, je m’ensable.
On s’arrête, on fait le point. Je regarde la carte et le GPS, on a un échappatoire par le nord ou l’on peut rejoindre une piste qui contourne l’erg. On se concerte et on décide de sortir de là.


Dans l’erg

Cap au nord, on trouve la piste rapidement, au sud sur l’erg c’est tout noir. Cette piste est un enfer, on va se faire une séance de marteau piqueur sur près de 100 bornes, excepté le passage en bordure du lac Iriki. Des pinfles en veux tu en voilà.





L’orage au dessus de Chegaga


Avant le village de Zaouia Sidi, des locaux nous arrêtent et demandent de l’essence pour la mobylette, on leur propose de siphonner dans le réservoir de Patrick, pendant ce temps derrière nous on entend l’orage gronder, on voit des éclairs, je crois qu’on a pris la bonne décision. Ils nous proposent le thé, mais vu ce qui nous suit on décline l’invitation et on taille la piste.


On arrive sur ce que je crois être le lac IRIKI mais à la vue de la trace sur la carte je pense que c’est juste la bordure nord du lac, en tout cas c’est un shott tout plat, sec et dans le vent de sable on y voit pas à 50 mètres, à peine on distingue les gros cairns (1m de haut) qui bordent la piste. Et ensuite les cailloux reprennent.
Sur la piste une vingtaine ou trentaine de km avant Foum Zguid on double une colonne de 7 Jeep Cherokee, on en avait déjà doublé 3 sur l’autoroute avant Algeciras dont une qui porte les plaques numéros du rallye Aïcha les gazelles. Ils sont pour la plupart immatriculés dans le 17. On s’arrête, les gars nous proposent une bière, fraîche de surcroît, demande à un aveugle s’il veut voir, bien sur qu’on la veut la bière. Ils sont super bien équipés frigo et tout et tout.


On repart, ma moto à de plus en plus de mal à démarrer ( au kick ), même chaude je dois mettre le starter, on verra plus tard. Peu de temps après on arrive à Foum Zguid. Ouf.
A l’entrée du village on croise deux BMW, une 1200 et une 1150 GS, deux gars du Finistère qui descendent à Dakar. On cause deux minutes et chacun sa route.
‘’ Hé Patrick, on est moulus, hein !!! ‘’


Foum Zguid centre café Chez Rachid

On s’arrête sur la place de Foum Zguid, à l’endroit exact ou nous nous étions arrêté il y a huit ans avec Gégé et Pierre, le shibani qui faisait les brochettes (la cuisson, quand c’est noir c’est cuit) est décédé, Rachid, son fils qui partait en mobylette acheter la viande, est maintenant le patron, il a pris quelques kilos et il nous invite à venir boire l’apéro dans la soirée.
En attendant Tajine Kefta, excellent. Plus d’une heure après notre arrivée on voit les Cherokee passer. Cette piste, en 4x4 je ne voudrais pas la faire.
Pour l’auberge le choix est vite fait, il n’y en a qu’une, l’auberge Iriki.
La douche est presque chaude, je fais ma lessive (calbut et chaussettes parfumés au super plombé).
On revient chez Rachid, whisky, et pas du berbère du vrai, enfin du vrai si on veut, vaut mieux mettre du coca et pas qu’un peu pour l’avaler, il déménage le bougre. Rachid à plein de projets, il y a 8 ans il voulait monter un camping, je crois que ça a foiré, là il a un projet de maison d’hôtes, mais ‘’traditionnel hein’’. Discussion sympa, c’est un malin, il s’en sortira


Retour à l’auberge, diner et dodo. La journée a été mouvementée.
’Dit donc Patrick, tu ne trouves pas que ça sent un peu l’essence dans la piaule ?’’.

Dehors le vent souffle sévère.


La suite.....