20-10 Debdou Talsinnt 250 Km

Les photos de la journée


Réveil vers 6H00, on refait les bagages, tout a séché, le temps est plutôt froid et nuageux mais il ne pleut pas.
L’étape du jour nous aménera sur le plateau du Rekkam, plateau d’altitude assez désertique (entre 1200 et 1600 m).
Par contre en plus d’être à sec en essence, une fois payé l’hébergement on est à sec en Dirhams aussi. On n’est pas vraiment dans le rythme. Nous redescendons donc à Debdou, à 8 km. Pour le change il y a un petit bureau mais il est fermé. J’aborde un homme en lui demandant ou nous pouvons changer de l’argent et faire le plein, ça semble compliqué, comme d’habitude dès qu’on s’arrête des gens approchent et ça discute, palabre et on finit par trouver une solution, l’épicier du coin accepte de nous changer 50€ (à un cours tout à fait raisonnable) cela nous permettra de faire le plein.

On suit un gars en voiture sur quelques km pour faire le plein d’essence de contrebande qui vient de l’Algérie toute proche. Légèrement éloigné de la route, se trouve la station service improvisée. Des bidons bien rangés sous un arbre, des bouteilles d’eau minérale de 5l, 2l 1l pour mesurer. Ils n’ont que 20l sur place, mais le boss part chercher du rabe, makkach mouchkill, en R18 sur les pistes avec un verre de café au lait coincé dans le cendrier sans renverser une goutte, trop fort.
Quand le jeune préposé au plein arrive avec sa bouteille de 5l remplie d’un liquide rouge, je dis stop. « on veut de l’essence pas du gasoil », après l’avoir senti ça semble bien être de l’essence, de toutes façons on n’a pas vraiment le choix, on verra bien si on tombe en rade au milieu du Rekkam.
Le prix est quasi identique.














On retourne à Debdou, le bureau de change est ouvert, achat des victuailles pour le pique-nique, les éléments de base, sardines à l’huile, vache qui rit, pain, eau, c’est bon on est dans le rythme et fin prêt pour le départ, mais il est déjà 10h00, va pas falloir chômer.
On se refarcit le col à la montée, sur le plateau au km 11 de mon road book on doit trouver une piste sur la droite, arrivé au point on cherche un peu mais visiblement pas de piste. 5 km plus loin une autre piste à droite, visible sur ma carte GPS, on enquille donc, première piste du voyage, ça fait du bien, en, plus très sympa elle zigzague au milieu de petits arbustes mais c’est gras et ça glisse un maximum avec les motos chargées et sur-gonflées. J’en profite pour m’en mettre une dans une ornière bien grasse, pas grave mais rétro cassé et boucle de sacoche aussi.














On arrive sur un plateau où l’on jardine un peu au milieu de gros tas de terre visiblement déversés par des camions, il y en a des dizaines, on se demande d’où ça vient. On retrouve la piste que j’avais prévu, puis à nouveau le goudron pour une trentaine de Km. On quitte le goudron pour prendre une piste plein sud, mais le temps menace et ça caille. J’enfile les vêtements de pluie. La piste déroule sympa, quelques franchissements d’oueds à sec mais on voit que ça a été pas mal remué par les eaux. Bonne idée la combi de pluie, on croise un bel orage qui remonte vers le nord, sur une partie de piste pierreuse, ça tombe dru, il faut faire attention à la piste, au gps, sportif mais ça ne dure pas trop longtemps












Le Rekkam

On traverse en suite une immense étendue, ou l’on peut voir quelques rares campements nomades, vue les conditions climatiques la vie doit être difficile dans ces contrées. Et soudain au détour d’un virage, un oued en cru. Cela nous rappelle des souvenirs.
















Ce n’est pas vraiment la hauteur d’eau qui pose problème, mais plutôt la force du courant et le risque de trou invisible en raison de la boue.
Il est 14h00, on décide de casser la croute et d’attendre voir si ça baisse, vu qu’il ne pleut plus. Des petites bornes en bétons matérialisant le bord du radier en béton nous servent de repère. Au bout de ¾ d’heure le niveau a déjà baissé de 10 à 15 cm, on tente un repérage à pied, mais le courant est quand même encore fort. Nouvelle tentative 20 mn plus tard, ça passe à pied, pas de trou, on y va. Par précaution on passe à coté des motos, Makkach mouchkil. On repart.
On ne va pas bien loin, en fait la piste et l’oued se croisent et se recroisent. Nouveau gué, cette fois le radier en béton est cassé et ça passe pas, on longe l’oued, il y a un passage bien large en amont. Repérage à pied Makkach mouchkil, ça passe On avance.


Au virage suivant, nouveau gué et à nouveau le radier en béton est explosé. En amont pas de passage possible, on décide de longer l’oued par la gauche, on longe un champ fraichement labouré, puis a flan de colline, ça monte, ça descend, passage en dévers dans les cailloux, puis ça devient trop abrupt, genre petit canyon on est à 20 ou 30m au dessus de l’oued, Patrick part en repérage à pied et moi j’ai un gros coup de pompe genre hypoglycémie. Je m’assis, avale deux barres de céréales et bois un coup en attendant le collègue que je ne vois plus. Patrick revient ça passe pas, on aperçoit un autre gué plus loin, mais semble-t-il franchissable et ensuite la piste quitte le petit canyon dans lequel on se trouve. Il faut absolument passer ce pu… de gué, d’autant plus que la pluie recommence.
Demi-tour, un peu avant d’arriver sur le gué l’oued est large, on repère, Patrick passe, je manque me mettre à l’eau en descendant la moto dans la rivière mais ça passe aussi. Ouf !!!.
Le gué suivant passe sans problème et la piste s’éloigne de l’oued, c’est passé.
La piste qui suit ne pose pas de gros problèmes mais c’est bien gras. On fait une quinzaine de kilomètres, on commence à se détendre un peu, Anoual n’est plus très loin quand, au détour d’un virage bordé de petits arbustes, un Marocain saute au milieu de la piste les bras en croix, d’où sortit-il ? que veut-il ? On ne va pas tarder à le savoir…… un autre gué…….
















Il y a un petit canyon pour changer de vallée. Un groupe de nomades se trouve de part et d’autre de l’oued et ils nous expliquent avec des gestes (personne ne parle français) et en jetant des cailloux dans l’eau qu’il ne faut pas passer.
Comment ils ont fait pour traverser eux ?. Il y a un autre gué plus loin facilement franchissable et on aperçoit encore plus loin un petit camion Bedfort rouge très commun au Maroc, avec d’autres personnes autour.
Ils sont là depuis un moment, ils nous montrent la hauteur d’eau maximum depuis qu’ils sont là, ça a du baisser d’au moins un mètre, ils doivent attendre là depuis un bout. Ils nous montrent par ou ils passent en longeant l’oued par la gauche mais même avec une moto de trial ça passe pas. On attend donc avec eux, ils rigolent pas mal et s’amusent à essayer de traverser et sonder l’eau avec une pelle mais personne ne passe. Il est 5 heures, (trois heures pour faire 20 km).
La nuit va bientôt tomber. On demande par geste si on peut dormir par là, un gars nous fait un large signe de la main genre « ou tu veux mon gars ». Pour tout arranger l’orage s’annonce, nuages noirs et tonnerre. On n’a pas de tente, juste les duvets, la nuit s’annonce mouvementée.
Quand deux nomades s’attrapent fermement par les bras et commencent à traverser et petit à petit parviennent de l’autre coté. On les imite avec Patrick (aller et retour bien sûr) le courant pousse fort mais il n’y a pas de trou et le poids des motos devrait suffire. On décide de passer les motos un devant l’autre derrière, ça passe sous les applaudissements du public. Yallah.
Le gué suivant passe sans problème, on salut l’assistance au camion.
La nuit est maintenant tombée, l’orage a éclaté, à chaque éclair on apprécie l’état de la piste, je compte les secondes qui sépare le tonnerre de l'éclair, ça va, ce n’est pas trop près.
On roule cote à cote, sa glisse pas mal, si je passe en phare le GPS s’éteint, en code on ne voit pas grand-chose. 15 km qui semblent une éternité, mais je sais que le village d’Anoual n’est pas loin, J’espère juste qu’il n’y a plus d’oued à franchir. On aperçoit deux ou trois lumières, c’est Anoual yesssss.
On arrive dans le village, un jeune vient à notre rencontre. On demande pour dormir manger faire le plein, mais il n’y a rien ici et nous indique Talsinnt 37 km, tout goudronné, facile.
On prend le goudron sous l’orage. Au bout de 3 ou 4 kilomètres je me retourne, plus de phare de Patrick, demi-tour, je le trouve arrêté moteur éteint au bord de la route. Cela semble venir de l’essence, on sort les frontales le couteau suisse, il y a du jus dans le réservoir, on démonte les durites ça coule, bizarre, on remonte un coup de kick elle repart, s….pe.
Je laisse Patrick devant, la pluie dans la figure les éclairs autour, tout va bien, quand soudain nouvel arrêt, qué passa, redémontage des durites, « et m…. j’avais laissé un robinet fermé ».
On repart, ça fait près d’une heure qu’on a quitté Anoual quand on aperçoit au loin les lumières de Talsinnt, en même temps la pluie s’arrête, c’est fou comment d’un seul coup on a moins froid….
On traverse le village, on nous indique un hôtel plus loin, on traverse le pont, l’oued est proche de passer au dessus. Devant un café un gars nous arrête, je laisse Patrick négocier et je vais plus loin repérer la station service. Patrick me rejoint et me dit qu’on peut dormir au café plus loin, douche chaude repas etc…, je dis ok.
- « On fait les pleins ?, »
- « la station est là elle ne bougera pas, demain il fera jour, j’en ai plein les bottes on se pose et on verra demain ».
Grave erreur.
On décharge les motos quand d’un coup blackout, plus d’elec.